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Des autorisations de plantations...?

Le sujet est extrêmement complexe, et je vous en sers une vision simplifiée et très loin d'être exhaustive, mais ça vous donne une bonne idée.

De par chez nous, dans le Rhône nord, un des plus gros défi est de trouver des terres! Les appellations sont petites, les terrains très pentus qui tombent dans le Rhône, et il y a très peu de transactions. Et des transactions plantées, n'en parlons pas! Donc lorsque finalement, par chance (pour nous, c'est comme ça que ça fonctionne), nous trouvons des terres à planter, et bien nous passons au second défi des autorisations de plantations. En gros, ça n'est pas parce que tu as des terres et des financements que tu peux planter. Chaque année, tous les vignerons passent par ce processus de demandes d'autorisations de plantations (autrefois appelés droits de plantations - mais grosso modo, c'est la même chose) à un bureau national d'agriculture appelé FranceAgrimer. Et donc les vignerons se voient attribuer une surface à planter par appellation pour l'année suivante. 

Pour faire simple, L'Europe nous donne le droit de planter 1% de la surface du vignoble français. Ca a l'air peu, mais ça serait déjà pas mal si on y arrivait! Car ensuite les ODG de chaque appellation (anciennement appelés syndicats, qui gèrent chaque appellation) fixe les limites propres à leur AOP. Le système est juste, car la surface décidée est ensuite divisée de manière égalitaire entre les vignerons demandant. Mais au final, on ne plante jamais ce 1% du vignoble autorisé par l'Europe. 

Bien sûr, ça régule les plantations pour éviter de tomber dans des situations de surstock etc. OK, mais s'il y a la demande en face, c'est-à-dire des clients qui veulent acheter du vin au bon prix, pourquoi restreindre les autorisations de plantation? Plusieurs effets, pervers selon moi: une production plus faible que la demande fait augmenter les prix des vins. C'est bien me direz-vous, oui si on réfléchit à court terme. Car un consommateur qui aurait par exemple un billet de 15€ à dépenser, s'il ne trouve des Rhone nord qu'à 18€ et au-delà (par ex.), et bien il ira chercher dans d'autres régions, et d'autant plus lorsqu'on est à l'export et que les consommateurs ont le choix entre des vins de France, mais aussi de toute l'Europe, d'Amérique du Sud, d'Australie, NZ etc. Tout à coup, le Rhône nord ne semble plus si primordial que cela. Un autre effet pervers, est l'augmentation du prix des terres. Pas besoin d'en expliquer les tords. Autre effet pervers, ça pousse à l'attentisme. Evidemment, toutes les appellations ne sont pas en bonne santé, et si certaines voient une demande plus importante que l'offre, il arrive ailleurs que ce soit l'inverse. Donc chaque ODG doit réfléchir en fonction de ses propres problématiques. Mais les ODG ont peur des surstocks et donc par effets dominos, des chutes de prix. Du coup, ils bloquent les plantations. Ne faudrait-il pas rentrer dans une dynamique positive en aidant les vignerons à valoriser leurs produits? Quand je dis aide, je parle marketing, je parle commerce et surtout pas aide au sens de subvention - bien sûr!

Dans le cas de jeunes qui s'installent de zéro comme nous, ces autorisations de plantations sont de vrais plombs dans les ailes. On a des terres, mais sur lesquels il faudra attendre 20 ans avant de pouvoir tirer un revenu complet... A moins, d'avoir un matelas bien garni, il faut nous expliquer comment faire... 

On a réfléchi autrement, mais on vous en dira plus dans un mois. 

The subject is extremely complex, and I hereby only give you a simplified and short version to give you and idea of the subject. 

Over here in the Norther Rhone, one of the biggest challenge is to find land. The appellations are small, the land very steep going down into the Rhone river, and transactions are rare. Transactions of planted land even worse! So when you fairly find some land buy chance (that's the way it works for us), you have to deal with the second challenge of authorizations of plantations. So, it's not because you have land, that you actually can plant. every year, wineries go through the process of asking for authorizations of plantation to a national agricultural office called FranceAgrimer. And each winery will be attributed an area to be planted the year after, per appellation. 

In fact, Europe gives us the right to plant 1% of the French vineyard. It seems small, but it would be good if we were actually planting it! Because after this, the ODG of each appellation (formerly called syndicats, they manage the appellations) determine the limits for their own AOP. The system is fair, as the determined area will then be equally divided between all the wineries who have asked for authorizations. But in the end, we never reach the 1% we are authorized by Europe to plant.   

Indeed it regulates to avoid situations of overstock etc. OK but if there is demand for the wine, well clients who wants to buy at the right price, why caping the plantations? Few disruptive effects, I think: a lower production than the demand makes the prices raise. That's good, if you only think short term. As a consumer who'd have 15€ to spend, and would only find North Rhone from 18€, would simply look at other areas. This even more true, when you look overseas, where the offer is very wide, and people can buy from France, but also all Europe, South America, Australia, NZ etc. Suddenly, North Rhone doesn't become essential anymore. Another disruptive effect, is the price rise of the land, no need to explain. Other disruptive effect, the wait-and-see attitude. Indeed all appellations are not in great shape, and each one of them has different issues to deal with. But ODG are scared of overstock, and by domino effect of price fall. So they bloc plantations. Wouldn't it be good to enter a positive dynamic and help wineries to add value to their product? When I says hemp, I talk marketing, sales, not subsidy - hell no!

For people like us who start from scratch, these authorizations of plantations are deadly. We have land, but we'll have to wait 20 years to get a full revenue out of it... Unless you have a well garnished pillow, you'll have to explain me how to do...

We've though otherwise, but we'll tell you more in a month.

Commentaires: 2
  • #2

    Nelly (samedi, 01 septembre 2018 13:40)

    Salut Françoise! merci ;) on aimerait bien choper nos plants chez Lilian Berillon, mais la liste d'attente est looongue. Quand tu veux passer dans le coin, tu me fais signe, ça serait avec grand plaisir. Bises

  • #1

    VAN DEN BERGE (vendredi, 31 août 2018 12:17)

    Instructif ce que tu nous livres dans ton post, chouette ces plantations (des plants pris chez Lilian Berillon?). C'est avec plaisir que je te reverrais et si en plus on peut déguster à l'automne ton premier millésime ! Bise.